L'éducation affective et sexuelle, est-ce si indispensable ?
Même si c’est toujours délicat à installer, l’éducation affective et sexuelle est indispensable. Elle permet en effet de libérer la parole et encourage les enfants à exprimer leurs questions, parfois drôles, souvent touchantes et toujours légitimes. Les filles et les garçons sont en attente d’explications claires, qui les aideront à se sentir plus aptes à assumer leurs corps. Des études le prouvent, les enfants ayant reçu une éducation sexuelle s’engagent davantage dans leur future relation conjugale, avec un sens réel des responsabilités et le souci d’une qualité affective et relationnelle. L’inverse se voit également, les si nombreuses difficultés sexuelles, individuelles ou de couples, sont la plupart du temps sous-tendues par des carences éducationnelles.
De plus, rappelons qu’un enfant bien informé a plus de chances de ne pas devenir victime d’attouchements sexuels ! Il est également mieux préparé aux changements de la puberté. Le but de l’éducation affective et sexuelle est aussi d’aiguiser l’esprit critique des petits face à la surexposition de la sexualité. Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, il est essentiel de créer des espaces de parole à la maison, d’informer, d’expliquer et de dialoguer sur l’amour et la sexualité. Le moment le plus propice pour ces échanges est lorsque l’enfant pose lui-même une question. Il n’y a donc pas d’âge idéal. Dans une famille qui valorise la franchise et le respect de chacun de ses membres, ces interrogations surgissent tout naturellement.
N’est-ce pas inciter les enfants à passer à l’acte ?
Beaucoup de parents sont persuadés que leurs propres enfants ne se posent pas (encore) de questions en rapport avec la sexualité. Attention ! Quand un enfant ne demande pas d’explications, cela ne signifie pas qu’il ne s’intéresse pas à ce sujet ou qu’il a déjà été suffisamment informé. Cette apparente absence de curiosité démontre au contraire, et très souvent, qu’il a ressenti une gêne dans son entourage lorsqu’il a voulu en discuter. Il doit considérer que c’est sale, tabou et qu’il doit garder le silence. Même s’ils ne les verbalisent pas toujours, tous les enfants se posent des questions sur l'amour, les filles, les garçons, sur leur corps et comment il va grandir.
Ils vivent dans un environnement qui les questionne dans tous les cas, surtout dans une société multiculturelle, où les références sexuelles sont récurrentes (à la télévision, sur Internet, entre copains ou encore dans la rue). L'éducation sexuelle, du moins telle que nous la concevons, n’a absolument pas comme vocation de précipiter les enfants prématurément dans un univers adulte qu’ils ne pourraient pas comprendre ou de les encourager au passage à l’acte. Il s’agit simplement d’entendre leurs vraies questions, légitimes, et d’y répondre simplement. Pour qu’ils puissent se définir, être rassurés, se projeter, s’épanouir et se protéger.
Quelle est la différence entre éducation sexuelle et éducation affective ?
Les deux sont indissociables. Une éducation sexuelle digne de ce nom, dépasse largement les seules leçons sur la reproduction humaine. Elle permet certes, de donner des explications scientifiques et biologiques (la puberté, la fécondation, la grossesse, la contraception, etc.), mais aussi de proposer une image positive de l'amour et de transmettre des valeurs de respect (de soi, des autres, des différences, des règles de vie commune, de la pudeur, du consentement, etc.). On peut donc dire que d’une certaine manière, l’enjeu de l'éducation affective est d'apprendre à aimer (en insistant sur des notions comme l’engagement, la tendresse, le partage ou encore le don de soi) et à mettre par la suite sa sexualité au service de l'amour.
Education sexuelle... et valeurs musulmanes ?
L’éducation affective et sexuelle englobe bien évidemment la dimension éthique. Il ne s’agit pas uniquement d’acquérir des connaissances scientifiques, mais aussi d’accompagner les familles sur le thème de l’amour, de développer une réflexion personnelle sur la sexualité, et d’aiguiser l’esprit critique des grands et des petits sur les stéréotypes véhiculés par la publicité, les médias ou encore par l'héritage culturel. Parce que la sexualité et l’amour regroupent différents aspects, biologiques, relationnels, émotionnels, mais surtout culturels et spirituels, il n’y a pas qu’une seule manière d'aborder ces thèmes. C'est pourquoi - le site s'adressant en premier lieu aux familles musulmanes - certains de nos écrits seront empreintés du champs lexical de la religion.
L’éducation sexuelle, c’est bien différent de la pornographie ?
Même si l'amalgame est souvent fait, l'éducation sexuelle et la pornographie ont des objectifs bien distincts. L'éducation sexuelle vise à informer en donnant des faits, notamment physiologiques. La pornographie quant elle, s'intéresse uniquement à l'aspect commercial et à l'excitation qu'elle provoque. Il est donc évident qu’aucune image choquante ni aucune vidéo à caractère violent, érotique ou pornographique ne sera diffusée sur nos supports. Nous sommes extrêmement vigilant quant au respect de la pudeur des enfants. Elle est en effet un élément fondamental et une enveloppe psychique indispensable pour la construction de leur personnalité.
N’est-ce pas le rôle de l’école d’informer les enfants sur ces « choses-là » ?
L’école a pour mission d’instruire, d’éduquer et de développer chez les élèves des comportements responsables. Elle a un rôle spécifique, complémentaire de celui des familles, dans la construction individuelle et sociale des enfants et dans la préparation à leur future vie d’adultes. L’éducation à la sexualité, composante de l’éducation du citoyen, contribue donc à cette formation et est explicitement incluse dans les programmes de l’Éducation Nationale. Cependant, dans les faits, les actions dépendent beaucoup de la volonté de chaque établissement et de chaque enseignant. Or, le caractère privé de la sexualité, comme les valeurs familiales et culturelles qui la sous-entendent, peuvent mettre mal à l’aise certains professeurs, qui préfèrent alors « zapper » ces points du programme ou l’aborder uniquement par la voie technique de la biologie (considérée comme totalement neutre et objective).
Mais quant n’est-il de l’image de soi, du rapport à l’autre, des relations entre filles et garçon, des règles de vie et des valeurs culturelles et religieuses ? Ce sont sur ces derniers points que le rôle de la famille est fondamental. Certes, chaque parent éduque son enfant avec des valeurs communes à notre société, mais il transmet également des valeurs complémentaires, qui lui sont propres et auxquelles il est attaché (issues de son groupe d’appartenance religieux par exemple), afin de permettre à sa fille ou à son fils de se construire et de s’individualiser par des choix personnels. Aux parents donc de baliser le chemin en fonction de leur éthique.